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Constructeurs

Dacia Spring : essentiellement électrique

Publié le 13 avril 2021

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
Avec la Spring, Dacia vient bouleverser le marché de l’électrique. Proposée avec un rapport prix/prestations inconnu jusqu’ici, la citadine peut rapidement devenir incontournable.
Avec sa batterie d'une capacité de 27,4 kWh, la Dacia Spring offre une autonomie de 230 km selon le cycle mixte WLTP.

 

Depuis le 20 mars 2021, Dacia a entamé une nouvelle ré­volution. En effet, après les Logan, Duster et autres Sandero, la marque low cost du groupe Renault, devenue celle offrant « l’essentiel », a ouvert les commandes de la Spring. Il s’agit du modèle 100 % électrique le moins cher du marché, avec des tarifs qui débutent à 16 990 euros, hors bonus. Une fois les aides déduites (27 % du prix du véhicule), la Spring est donc à 12 403 euros en entrée de gamme, en finition Confort.

 

Mais Dacia aurait pu aller encore plus loin. En effet, dans le calcul de son prix facial, contraire­ment au loyer de LOA à 89 euros (49 mois et 40 000 km), la marque n’a pas pris en compte une éventuelle prime à la conversion de 2 500 euros. Dans ce cas, la Spring s’affiche­rait à 9 903 euros ! Dacia a fait le choix de ne pas positionner ainsi son modèle, ne voulant pas mettre en avant un tarif à quatre chiffres pouvant fausser la perception du vrai prix (hors subvention) d’un véhicule électrique.

 

Les racines chinoises de la Spring

 

Pour arriver à une telle offre, Dacia s’est appuyé sur la base technique CMF‑A dé­veloppée en Inde. Après le Renault Kwid (184 058 unités en 2019 et 122 697 en 2020), les ingénieurs ont électrifié cette plateforme donnant naissance au Renault K‑ZE pour le catalogue chinois de la marque (2 658 uni­tés en 2019 et 242 en 2020). C’est ici qu’il faut trouver les racines de la Spring qui est d’ail­leurs fabriquée en Chine et demande 3 mois pour venir en Europe. Cela étant, il a fal­lu largement adapter le produit à l’Europe. Un deuxième développement en quelque sorte réalisé à Guyancourt, où la Dacia a ga­gné, entre autres, 6 airbags, le freinage d’ur­gence, un ESP, des renforts de structure pour résister au crash latéral ou prendre en compte le choc piéton, etc.

 

En revanche, pour la partie électrique, les changements sont peu nombreux. Avec seulement 970 kg sur la ba­lance, batterie comprise, la Spring bénéficie d’un cercle vertueux qui n’oblige pas à une course à la puissance. Elle cache un moteur électrique de 33 kW (44 ch) offrant un couple de 125 Nm. La batterie, fournie par le chinois Sunwoda et placée sous la banquette arrière (186 kg), dispose d’une capacité de 27,4 kWh. De quoi autoriser, selon le cycle mixte WLTP, une autonomie de 230 km et même 305 km en se limitant à la ville. Pour la gestion de la puissance et des flux d’énergie, Dacia a mis à profit l’expérience acquise avec la Zoe.

 

Spring des villes et des champs

 

Couple du moteur électrique oblige, la Spring s’arrache facilement mais s’essouffle assez ra­pidement. Deux mesures illustrent cela : le 0 à 50 km/h est avalé en 5,8 s, mais pour at­teindre 100 km/h, il faut patienter 19,1 s. La vitesse maximale est limitée à 125 km/h et peut même descendre à 100 km/h en mode Éco. Mais ces performances n’ont rien de rédhibitoire, car la Spring est tail­lée pour la ville et notamment l’autopar­tage, mais trouve aussi toute sa place à la campagne.

 

Dans les grandes métropoles, elle fera des merveilles avec, entre autres, un rayon de braquage de 4,8 m grâce à l’angle de 38° que peuvent prendre les roues avant. L’habitabilité est plus que correcte pour un modèle de 3,73 m et même le coffre de 290 l (620 l, banquette rabattue) est un atout. L’équipement en sera un autre. Même si des plastiques durs dominent dans l’habitacle, l’essentiel est là : des vitres électriques à l’al­lumage automatique des feux, en passant par la climatisation, la navigation ou la caméra de recul. Mais ne cherchez pas le réglage de la colonne de direction ou celui de la hauteur du siège.

 

Pensées pour les particuliers, les fi­nitions Confort et Confort Plus sont complé­tées par une Business, principalement desti­née à l’autopartage, qui compte par exemple des tapis de sol et des sièges plus résistants. Ce sont d’ailleurs ces versions qui se voient dans les immatriculations actuelles du mo­dèle. De novembre 2020 à fin février 2021, 1 818 exemplaires ont pris la route. Enfin, la gamme sera complétée en janvier 2022 par une version VUL baptisée Cargo. Il s’agira d’une homologation N1 disposant d’un vo­lume de chargement de 1 100 l et d’une capa­cité de charge de 325 kg.

 

"Nous ne pousserons pas les ventes"

 

Au chapitre commercial, Dacia s’est mon­tré particulièrement discret sur ses ambi­tions. "Nous y croyons beaucoup", a indi­qué Thomas Dubruel, directeur commercial de Dacia France. Mais le business model de Dacia n’est jamais loin. "Nous ne pousserons pas les ventes, a précisé Xavier Martinet, directeur marketing, ventes et opérations des marques Dacia et Lada. Nous respecte­rons le business model de Dacia." Les ventes BtoC de la Spring devraient donc être majo­ritaires, mais pas d’une manière aussi écra­sante que pour le reste de la gamme (85 %), du fait des ventes réalisées auprès d’opé­rateurs de mobilité urbaine ou de certains loueurs.

 

On se souvient qu’en novembre der­nier, Michel‑Édouard Leclerc avait passé commande de 3 000 Spring pour ses agences de location. De la même manière, les parte­naires comme Zity, déjà utilisateur de nom­breuses Zoe dans son offre d’autopartage, devraient représenter des volumes significa­tifs, sachant qu’il faut souvent plus de 500 vé­hicules pour couvrir une grande métropole.

 

Les grands comptes traditionnels ou les éta­blissements publics souhaitant verdir leur parc ne sont naturellement pas exclus, mais il semble qu’ils devront s’adapter aux condi­tions de vente de Dacia. Quant aux particu­liers, le potentiel est là aussi énorme, car il ne faut pas oublier que le parc roulant de mo­dèles du segment A atteint 15 millions d’uni­tés en Europe, dont 2 millions en France. D’autant que le segment A thermique est en voie de disparition. Puis, compte tenu du ta­rif proposé et des prestations, la Spring peut réellement devenir le deuxième véhicule du foyer.

 

Les planètes semblent donc alignées pour elle. Dacia devrait ainsi améliorer en­core son taux de conquête qui est déjà de 60 % avec la gamme traditionnelle. Elle cannibali­sera peut‑être quelques Twingo Z.E., mais la marque précise que son solde est largement positif, puisque 40 % des clients conquis restent ensuite dans le groupe Renault.

 

 

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