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Constructeurs

Citroën C5 : A l’allemande

Publié le 29 février 2008

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
"La berline à papa, c'est fini !", répète à l'envi Vincent Besson, directeur des produits chez Citroën. "La berline à papy aussi !", serions-nous tentés d'ajouter face à la nouvelle C5. Avec ce modèle abouti, Citroën table...

...sur 150 000 ventes annuelles et cherchera donc à reprendre pied sur le marché des sociétés.

LA C5 EN BREF

  • Date de lancement :
    Berline en avril, break en juin
  • Segment de marché : Berlines segment M2. 136 000 unités en 2007. - 8,5 %
  • Objectif : 150 000 unités en Europe. 30 000* en France
  • Principales Concurrentes de la C5 1.6 Hdi 110 Fap confort 25 700 euros : Renault Laguna 1.5 dCi 110 Eco2 Expression : 25 300 euros; Peugeot 407 1.6 HDi 110 Navtecq Fap : 25 500 euros; Ford Mondeo 1.8 TDCi 125 Ghia : 25 500 euros; Volkswagen Passat 1.9 TDi 105 Confortline : 25 730 euros 
  • Prix :
    Essence : de 21 500 à 34 150 euros
    Diesel : de 23 600 à 37 950 euros

    *Estimations JA

  • Le segment M2 représente aujourd'hui 2 millions de ventes annuelles dans l'Europe des 17 et correspond à 21 % du marché européen global. Une analyse plus détaillée confirme la tendance structurelle voulant que la berline familiale perd du terrain au profit des versions break, en l'occurrence la C5 Tourer qui sera commercialisée fin avril-début mai, soit un mois après la berline. La berline reste néanmoins essentielle puisqu'elle constitue le principal fer de lance sur le marché des sociétés, qui représente 56 % des ventes de ce segment dans l'Hexagone. C'est exactement la même chose en Italie et tout à a fait comparable en Espagne (54/46). Le trait est encore plus grossi en Allemagne et au Royaume-Uni, avec des ratios respectifs de 72/28 et 69/31. "Nous devons partir en reconquête pour retrouver un réel poids sur ce marché, poids que nous avons perdu ces derniers temps", souligne Vincent Besson, avant d'indiquer que l'objectif de la marque est de parvenir à un mix des ventes "sociétés-particuliers" au niveau moyen de la réalité du marché.

    Par ailleurs, ce segment se caractérise par une hiérarchie des motivations d'achat qui rend l'exercice de conception-développement-lancement d'un modèle complexe. Le design est très important pour le client, mais ce dernier demeure peu avide de rupture et de choix radical et très attaché aux codes traditionnels du segment. Les items "plaisir de conduire", "qualité" et "équipements" sont aussi régulièrement mis en avant par les acheteurs potentiels.

    Si la berline familiale décline, la berline statutaire garde de beaux jours devant elle

    On note encore une demande accrue en termes d'image et de standing, principalement sur le marché des sociétés, sous-entendant que si la berline familiale décline, la berline statutaire garde de beaux jours devant elle. Enfin, l'attrait du prix d'achat et de bonnes performances sous l'angle des valeurs résiduelles sont logiquement indispensables. "Sur le marché des particuliers, les jeunes, c'est-à-dire les quadras achèteront surtout la version Tourer, tandis que le choix des plus âgés, 50 ans et plus, se portera sur la berline. Pour le marché des sociétés, nous devrons surtout répondre aux demandes de quadras", précise Vincent Besson.

    Un modèle de benchmark

    La réponse stylistique est parfaitement maîtrisée, avec deux silhouettes à la fois classiques et surprenantes et révélant un travail de benchmark extrêmement minutieux. Initié début 2004 sous le nom de code X7, le design se caractérise "par le respect du code des proportions du segment, mais aussi par une fluidité désormais propre à la marque", dixit Alexandre Malval, designer responsable de gamme. Dans l'habitacle, Fabien Darche, designer en charge des couleurs et matières, explique avoir développé trois ambiances spécifiques : la force latine exprimée par les teintes foncées, la quintessence de Citroën via un univers clair et une version plus exclusive symbolisée par le cuir pleine fleur et une palette chromatique chocolatée. Il convient de souligner le remarquable travail effectué sur la planche de bord et l'inévitable console centrale : par des jeux de géométrie (autour de l'écran) et d'étirements (boutons placés pour élargir la console et au final, la rendre plus discrète ; aération individuelle sur les côtés et non en position centrale), l'architecture pourtant traditionnelle de ces éléments gagne en légèreté. En outre, la tactilité des commodo ou autre pommeau de levier de vitesses a été très bien soignée. "Nous avons conçu un véhicule répondant aux fondamentaux du segment, mais aussi innovant et authentique, ce qui est somme toute l'exercice le plus difficile dans notre métier. De plus, par le biais de l'introduction de matériaux vraiment haut de gamme, comme le cuir ou l'aluminium par exemple, nous replaçons la marque à un niveau élevé", résume Jean-Pierre Ploué, responsable du style Citroën.

    ZOOM

    Amélioration du site de Rennes

  • La C5 sera produite à Rennes, dans l'usine du groupe dédiée aux gammes moyenne-haute (M2) et haute (H). Le site de Rennes, qui rassemble actuellement 8 800 salariés, vient de bénéficier d'un investissement de 50 millions d'euros dans le cadre d'un plan d'amélioration s'étalant jusqu'à 2010. Une ligne de ferrage disparaîtra et les deux restantes seront re-formatées : une ligne "moyenne gamme" dotée d'une capacité de production de 55 véhicules par heure et une ligne haut de gamme dotée d'une capacité de production de 15 véhicules par heure. Le site passera de 700 000 m2 couverts à 500 000 m2 couverts, afin de limiter les déplacements et de générer des gains de logistique et de productivité. En outre, un nouveau système qualité, emprunté à Toyota, entre en vigueur avec un dispositif de contrôles à chaque poste et non plus essentiellement en bout de chaîne.
  • La suspension métallique : passage obligé pour reconquérir les flottes

    Parallèlement, les efforts liés au confort, à la qualité et à la fiabilité ont naturellement fait l'objet d'un soin particulier. Un chantier qui a débuté bien en amont. "Nous avons déterminé un cercle de 40 fournisseurs exclusifs et avons travaillé avec eux sur la qualité dès la pré-série. Ainsi, 8 800 items ont été systématiquement surveillés et mesurés en externe et 3 000 l'étaient dans l'usine même. Au final, 1 800 caractéristiques sont contrôlées, dont 400 à chaque fois et le reste de façon aléatoire en bout de chaîne", explique Jean-Luc Moreau, responsable qualité production. Au chapitre de la fiabilité, Thierry Marceau, responsable de la qualité conception, insiste sur l'intensité "des essais sur bancs et du roulage dit de "déverminage" ainsi que sur les tests de roulage effectués avec des flottes captives". Au total, cinq millions de km auront été couverts avant le lancement. Par ailleurs, le niveau d'équipements du modèle est de fort bon aloi, supérieur à celui de ses concurrentes. Et comme la partition du confort, notamment le confort acoustique et les sièges, est de haute volée, il semble que la C5 est bien armée pour atteindre ses objectifs. Surtout que ses tarifs ont été calqués sur ceux de ses rivales et que la suspension hybraulique, en l'occurrence la nouvelle génération Hydractive 3 Plus, n'est plus incontournable. "La suspension métallique convient mieux à certains clients, notamment sur le marché des flottes, et ce système est moins coûteux", précise Thierry Perron, responsable des liaisons au sol, tout en indiquant qu'il n'y a pas de version intégrale dans les cartons pour ce modèle. A ce propos, si un dérivé coupé est attendu, le cabriolet, trop coûteux, n'est plus qu'une hypothèse fort ténue.

    La plupart des versions sont malussables…

    Bref, si la C5 est assurément bien née, sa cuirasse n'est pas exempte de défauts. Elle sacrifie ainsi à la mode moderne et prend de l'embonpoint, entre 100 et 150 kilos selon les versions. Certes, la densité des équipements, les trains roulants de la C6 et la présence de certains modules liés à l'anticipation d'une norme sur les chocs latéraux (anticipation malheureuse car cette norme n'a pas vu le jour) peuvent justifier ce surpoids, mais il n'en demeure pas moins que la plupart des versions sont malussables. Consciente du problème, la direction de la marque attend avec impatience les pneus EnergySaver de Michelin. Quatre versions se situent cependant en zone neutre, deux d'entre elles recevant la signature Airdream, et devraient représenter 70 % du mix des ventes. Sur les sept motorisations disponibles, les blocs HDi 110 ch et 138 ch devraient représenter l'essentiel des ventes, la première option jouant sur l'argument économique et la seconde sur un excellent compromis prestations-agrément-prix.

    Photo : "Nous devons partir en reconquête pour retrouver un réel poids sur le marché des flottes, poids que nous avons perdu ces derniers temps", souligne Vincent Besson, directeur produits.

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